Aujourd’hui est
le jour du grand départ "into the wild". Un trajet de 120 km m’attend, soit pour le Canada 6
heures de voyage puisqu'il faut jongler avec les horaires des ferries. Je hèle mon
car à Waterfront Station, Downtown. Je rejoins sur les banquettes, une population
bigarrée qui n’a que 2 points communs : un fort accent et une thermos d’americano
– je présume.
A peine après avoir passé le Lions Gate Bridge et atteint North Vancouver – au Nord de Downtown, la fine bruine bretonne se
transforme en furie tropicale à la faveur des pentes raides de ce bout de côte. Le
trajet ne se fera dès lors que sous une pluie incessante. Tout au long de ce trajet, nous suivons la soi-disant mythique Highway 101, qui bien connue en Californie rejoins la Terre de Feu en Amérique du Sud à Lund (Powell River), son extrêmité Nord (information non vérifiée).
Le premier ferry est
atteint en moins de 30 min de route. La traversée dure environ 45 min. Tout est
gris dans le paysage mais il existe dans cette grisaille ambiante une vraie
beauté. On se croirait perdu dans des fjords isolés de l’Alaska où du
Groenland.
On refait 45
minutes de route et nous voilà au deuxième embarcadère. La météo est encore
plus mauvaise. De lourds nuages gris sombres recouvrent la mer terriblement
calme. Les silhouettes noires des montagnes n’apparaissent que progressivement
à la vue. Elles font des ponts entre la mer noire et les nuages sombres. La
masse nuageuse, très basse, semble littéralement se déchirer sur les pins et
les crêtes, comme de l’ouate sur un massif de ronces. Des bouts de cette masse
tombent lourdement le long des versants. Tout s’assombrit au fur et à mesure
que la nuit approche. Il est 20h20. Toutes ces nuances de gris s’entremêlent de
plus en plus. Tout est brouillé, relatif, flou. Tout est trop calme. C’est à la
fois lugubre et mystique. Je réalise que peut-être ce nom de Sunshine Coast est un doux leurre pour le petit aventurier que je suis.
Le ferry continue
sa course tranquillement, virant d’un bord à l’autre au rythme des passages
entre les îlots. Powell River ne devrait plus être loin.
J’arrive à Powell
River sous une petite pluie. Je suis les indications de Christina et je trouve en
quelques minutes son petit hâvre de paix. J’entre côté jardin. Un peu de
nourriture m’attend dans le préau qui fait office de cuisine extérieure. Elle et mon nouveau acolyte pour le mois à venir me rejoignent.
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