lundi 1 octobre 2007

East Java : 22-25 septembre 2007


La première partie de mon petit séjour en Indonésie était consacré à l'est de Java. Après avoir pris l'avion de Singapore à Surabaya (nord-est de Java), nous avons pris le train (6h pour 300 km, en classe executive ça passe encore) jusqu'à l'un des principaux centres culturels de l'île, à savoir Yogyakarta, plus au centre de l'île. J'ai été très étonné par le climat Je m'attendais à pire que Singapore, et bien non, le climat était sec (saison sèche) et les nuits plutôt fraîches. Je suis parti avec deux filles canadiennes Safia et Abidah. On a ensuite été rejoint par Medhi et Manu, ce dernier étant un globe-totteur qu'on avait croisé sur les îles Perhentians.

Arrivée à Yogyakarta

Cette ville est l'ancienne capitale d'un sultanat et un des centres de fabrication des fameux batiks, une espèce de toile cirée décorée à la cire d'abeille. Le sultan existe toujours. Il a désormais un rôle honorifique dans la constitution indonésienne. Il est le gouverneur de sa province et a donc à son service une garde de vieillards d'environ 500 hommes et un palais immense au coeur de cette ville du tiers monde. Cette garde d'honneur illustre mon sentiment sur les Etats de ces pays en développement (Malaisie et Indonésie) : trop de fonctionnaires où on en a pas besoin, aucun où on en a besoin. Ces pays semblent ne pas avoir l'esprit d'organisation. C'est peut paraître ridicule de dire ça, ils ne sont pas plus bêtes que nous, mais c'est vraiment le sentiment qu'on a. Un exemple : pour acheter le visa, vous devez aller à un guichet à l'aéroport pour donner vos US$25 (oui, ils n'acceptent pas leur propre monnaie en Indonésie) où il y a deux agents, l'un récupère l'argent et vous donne un reçu, l'autre ne fait rien. Puis vous allez au guichet adjacent pour récupérer votre visa. Et si vous voyiez comment s'effectue le contrôle au rayon x des bagages à l'aéroport, ça fait peur. Ce n'est pas valise par valise, c'est montagne de valises par montagnes de valises qui sont analysées par les rayons et les images sont vérifiées par un agent qui s'est assoupi devant son écran. Encore un exemple à l'aéroport, ils ont besoin d'être à trois agents pour pousser les chariots des touristes. L'un tracte, l'autre pousse, et le dernier dirige!!!
Revenons à Yogyakarta. Cette ville n'est pas en soi très belle mais intéressante pour celui qui n'a jamais vu une ville du tiers-monde. A part les quelques bâtiments officiels, la grande mosquée, l'héritage architectural de la ville est nul. C'est une ville polluée par les scooters, les voitures mal réglées, le réseau d'égoûts anachronique et par l'absence de système de retraitement des déchets efficaces. Si les javanais balayent devant leur porte, c'est pour mieux rejeter leurs détritus un peu plus loin dans le caniveau, sous le pont et au final tout part dans les rivières.

Fabrication d'un Batik
Achat de chapeaux traditionnels
La garde du sultan : moyenne d'âge : 64 ans
L'indonésie reste un pays pauvre et donc cette ville est pauvre. Mais attention cette misère n'est pas insupportable à voir. Bien entendu elle n'est pas belle. Il n'y a pas beaucoup de mendiants à part quelques vieilles dames, et je n'ai croisé qu'un enfant qui m'a demandé de l'argent. Tout au long des rues et mêmes des routes, des petites échoppes restent ouvertes en continue quasiment jours et nuits. Ces petits commerçants passent leur vie à attendre dans leur magasin crasseux le client qui voudra bien leur acheter l'un des peu nombreux articles qu'il a à vendre : une bouteille d'eau, un pneu, une clé. Sur les trottoirs, des petites roulottes proposent de la nourriture, des objets bien particuliers comme des clés, des jouets gonflabes pour enfants. La nuit les gens et principalement les hommes, en particulier en cette période de ramadan, se rassemblent sur les places, les trottoirs et papottent. Pas de bar, pas de musique, c'est un peu triste. Ils ont inventé un jeu : réussir à passer entre deux arbres droit devant toi les yeux bandés. Et c'est un peu dur, j'ai essayé et j'ai fait un cercle de vingt mètres de diamètre. A la tombée de la nuit, les rats envahissaient la cour de notre hôtel qui était plutôt correct et entraient dans la cuisine. Effrayé, je me calfeutrais dans ma chambre. La nuit les conducteurs de pousse pousse dorment dans leur engin dans des positions improbables, des familles entières dorment par terre au milieu des rats et des cafards.

Marché
Serrurier en attente de travail
Pousse-pousse qui attend un clientDes oiseaux sur un véloLe jeu du bandeauDans ce pays, le touriste est quand même une espèce assez fréquente et les locaux essayent d'en tirer le plus d'avantages. Bref le touriste est la vache à lait qu'on essaye de sucer jusqu'à la moëlle. Les chauffeurs de taxi excellent dans ce sport national. Pour un blanc, le tarif du taxi est multiplié par 2, 3 voire 10 parfois. De même pour les pousse-pousse qui sont légions dans cette ville. Ils ont le don pour vous amener chez les commerçants qui sont soit leur frère, leur cousin, ou bien peut-être leur partenaire. Vous demandez la gare routière, on vous amène dans une agence de voyage à l'autre bout de la ville. Vous voulez faire un tour, on vous arrête dans certains magasins très précis. Si cela s'avère pénible, on a aussi par ce moyen de nombreux bons plans à condition de savoir marchander. Il faut aimer marchander. Celui qui n'aime pas aura un voyage énervant. Vous négociez pour tout, prendre un pousse-pousse demande un quart d'heure de négociation pour arriver à un prix raisonnable. Et ça devient ridicule, marchander pendant deux heures pour sauver quelques centimes d'euros.

Il y a à voir à Yogakarta le palais du sultan, la grande mosquée, et deux temples bouddhistes majeurs perdus dans cette île majoritairement musulmane. Le premier que j'ai visité était Prambanan. Le second était Borobudur, plus grand temple bouddhiste du monde qui a été redécouvert au XIXème siècle par le fondateur de Singapore. Ces temples sont grandioses (voir les photos). Mais en l'absence d'explication on ne peut pas en retenir quelque chose à part une case cochée dans un guide de tourisme.


Prambanan





Borubudur : chaque étage représente plus ou moins les différentes étapes de Bouddha pour arriver à se détacher du monde et atteindre la sainteté. A l'intérieur des cloches, des statues de Bouddha
A partir de Jogakarta, nous avons pris un taxi d'une agence de voyage (que nous avait recommandé fortement notre chauffeur) pour nous conduire sur le volcan Bromo plus à l'est de l'île assister au lever du soleil. Et là on a expérimenté les routes indonésiennes. La route en elle-même était en bon état mais trop étroite, plus étroite qu'une départementale en France. En France on aurait construit une double autoroute. Et là malgré le trajet de nuit, la route était chargée de camions qui avaient dû commencer leur carrière il y a trente ans quelque part en occident, de milliers de mobilettes et de vélos. Bref on se traîne sur cette route, si bien que les chauffeurs ont appris à doubler alors qu'une voiture se présente en face à moins de 200m. Et ça a donc été des coups de claxon continus pendant les dix heures de trajet. Les bords de la route ne sont qu'une suite de petites cabanes servant de magasins ou de restaurants, de maisons, de garages et de mosquées. Arrivés au pieds du volcan à 3h du matin, une jeep nous a conduit à son sommet. Et le lever du soleil était grandiose mais la température glaciale, ce qui m'a fait du bien un petit peu. Ca faisait penser à la Cordillère des Andes. J'aurais pris une photo des gens, des maisons et des volcans, on aurait pu croire que c'était en Bolivie. En haut du seul cratère actif, un vieille senteur d'oeufs pourris (soufre) remplissait l'atmosphère.

Du sommet du volcan (la fumée indique le seul cône encore actif) Au milieu de l'immense cratère
Au milieu des vapeurs qui sentent l'oeuf pourri
On est redescendus et on a pris un bus le mardi à midi qui nous a amené à Bali à plus de 11h du soir. Dans ce genre de voyage, on ne compte plus les heures passées dans les transports. Là j'ai pu voir vraiment les paysages de Java. A part les cônes volcaniques éparpillés sur l'île, Java est plate, les plages sont faîtes de cendres volcaniques, les rizières ne sont pas en terraces. Bref les paysages ordinaires de Java que j'ai pu voir n'étaient pas exceptionnels. Mais attention je ne généralise pas ce jugement à toute l'île, je n'ai presque rien vu.
Une belle expérience. Prochain message dans quelques jours sur Bali.

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