mercredi 3 septembre 2014

I surfed Tofino


Après Quadra Island, mon programme était inexistant. Je souhaitais découvrir l’arrière-pays de Campbell River. Après plusieurs heures d’errements et de conduite, un pique-nique au bord d’un lac qui ne présentait pas un réel intérêt, je me suis décidé : je quitte ce bout d’île et j’accepte la proposition d’hébergement d’un couchsurfer sur Tofino, le spot de surf de la côte ouest de l’île, un des lieux à ne surtout pas rater. Je prends donc la direction sud sur la route touristique Oceanside 19a avant de prendre la route 4 qui assure la traversée est-ouest de l’île. J’en profite pour admirer les immenses arbres de Cathedral Grove et nager à Sproat Lake (Port Alberni).



Sur le chemin, je m'essaye au camping. Grâce au nécessaire de camping que m'a revendu mon co-wwoofer avec ma voiture, je passe une première nuit puis une seconde nuit à guetter le moindre bruit suspect. Heureusement j'ai mon spray anti-ours, ma clochette et une lampe de poche très puissante, de quoi effrayer ours, cougards et loups. Toutefois, le risque d'une confrontation avec un tel animal est peu probable étant donné le nombre de tentes, camping-cars et de chiens qui occupent les campings publics (BC Park) chaque nuit. C'est à vrai-dire le seul avantage de payer $21 pour une place dans un de ces BC Parks vu qu'il n'y a ni électricité ni eau chaude.


Exercice de pulvérisation de bear spray
J’arrive à Tofino le mercredi 28 août en fin d’après-midi. II fait grand soleil. A l’endroit où la route plonge vers la presqu’île de Tofino, la vue devient exceptionnelle : on aperçoit toute la côte de la presqu’île, aussi bien son côté tourné vers le Pacifique (Long Beach) que celui lui tournant le dos. Cette presqu’île est couverte d’une dense couverture de forêt primaire humide, vert vif : le parc national de Pacific Rim. On aperçoit aussi les dizaines de petites îles touffues.

Vue sur le principal spot de surf (Cox Bay) et sur la presqu'île de Tofino
Vue sur le parc national Pacific Rim depuis la pointe sud de Cox Bay
 Je trouve sans hésitation la maison de mon hôte, une maison d’inspiration africaine entourée d’une végétation exubérante, un oasis d’arbres, de plantes. Voilà un jardin original. On se croit dans les tropiques. Mon hôte est très cool : mixte d’allemand et d’indien, il élit domicile ici la moitié de l’année où il squatte la maison d’un ami de ses parents. Il est photographe, guide de kayak, journaliste. Bref, il vit des quelques petits boulots qu’il peut trouver dans ce repaire de surfers. Le courant passe très bien mais le confort de l’accueil laisse à désirer. Le lendemain je réserve une chambre en auberge (Whalers on the point).

A Tofino, la météo est largement instable et le ciel est très souvent couvert. La brume océanique s’y mêle et donne à ce petit bout de terre un aspect capricieux et énigmatique. Cela rend les couchers de soleil splendides.






Lorsqu’il bruine, le centre-ville offre quelques petites enseignes raffinées au marketing très poussé, ce qui me ravit après un mois et demi dans le rustre Far West canadien : brasserie, écoles de surf, cafés, restaurants, tous ont développé une identité visuelle très percutante. Bref je craque plusieurs fois pour des t-shirts et je parfais mon nouveau look de surfer.


Car en effet, je me dis que c’est l’occasion ou jamais pour essayer le surf. Je m’inscris pour une session de 2 matinées à la Pacific Surf School. Mon moniteur, ce week-end-là est Brad, 23 ans. Il est le cliché du surfer australien. Grand, la barbe et les cheveux lessivés par le sel et le soleil, il affiche 2 écarteurs d’oreille vert fluo et un tatouage lui recouvre tout le bras droit. Il parle avec un accent à couper au couteau et intercale chaque groupe de mot par « man ». J’imagine que lui aussi dort dans un vieux van comme on en voit beaucoup ici. Il n’en reste pas moins qu’il m’apprend à ramer avec les bras pour prendre les vagues et à me mettre debout sur ma planche. C’est assez facile. O!, il ne faut pas s’imaginer des grands rouleaux. Non je laisse cela aux fanatiques qui réussissent à passer la barre d’écume. Mes bras ne me le permettent pas. J’ai bien essayé. J’ai fait la position du cobra pour passer les vagues les plus petites, puis j’ai roulé sous ma planche pour passer les vagues les plus grosses. Les 2 fois où j’ai finalement réussi à passer la barre, je n’avais plus la force pour attraper les vagues. Je me contente donc de m’amuser au bord de la plage avec les vagues qui se sont déjà cassées 3 fois. Quant à la température de l’eau, bien couvert d’une combinaison intégrale, on ne sent pas le froid, ni aux mains, ni à la tête.


On montre les muscles
Entre temps, à l’auberge, j’ai eu la chance, ou la « malchance » de rencontrer des français hyper sympas. La première à m’aborder est Julia. Blondinette à marinière, elle transpire la bourgeoisie française. Je dois la transpirer également car elle ne s’est pas embêtée du « Where are your from ? ». Elle m’a dit directement « T’es français ? » alors que je n’avais pas dit un seul mot. Elle vient d’Annecy et comble du grand hasard elle étudie à l’IEP de Grenoble. Il n’en fallait pas plus pour se lier d’amitié. Tandis qu’on ingurgite notre déjeuner en parlant de nos professeurs respectifs, un couple parle français derrière nous (Guillaume en vacances inter-jobs, Amandine en pvtiste-revival). La conversation à quatre est désormais amorcée. C’est avec eux puis avec leurs remplaçants (Kristof le pvtiste belge, Thomas le polytechnicien astronaute, Hélène et Claire, 2 sœurs pvtistes) que je prolongerai et resterai finalement une semaine à Tofino.

Feu de camp sur Middle Beach
Nuit étoilée sur Middle Beach
 Cette première présence française fait du bien après un mois et demi. Julia se prête bien à la taquinerie et les fous rires s’enchaînent. Mais au bout de quelques jours, je me sens déconnecté du Canada et pris dans l’engrenage d’un groupe que je ne considère plus vraiment au fil des départs et des remplacements. J’ai hâte de reprendre la route et ma liberté.

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