dimanche 24 août 2014

Quadra Island : l'île bobo


J’y suis arrivé par hasard. Je venais dans le district de Campbell River pour voir les baleines. J’avais trouvé une hôte de couchsurfing, Claire de son faux prénom sur Quadra Island pour m’héberger 2 nuits, à 10min de ferry de Campbell River. L’accueil que j’ai reçu était sans limite. Elle a un don pour mettre à l’aise. J’ai été directement plongé dans son quotidien : séances de yoga, de méditation, arrosage du potager, préparation des salades. En moins de 5 minutes, je me sentais familier.


Comme j’avais été déçu par mon arrivée dans le centre de Campbell River – je crois qu’il me sera impossible de me faires aux petites villes canadiennes. Elles sont déprimantes. Leurs centres villes correspondent à nos zones d’activité artisanales/commerciales. Rien n’est fait pour améliorer le décor. Bref, lorsqu’on débarque sur Quadra Island après 10 min de ferry depuis le centre-ville de Campbell River, tout paraît, par contraste, idyllique : des petites maisons en bois sur la côte, des bateaux de pêche, des petites boutiques, de la nature. Par ailleurs, il semble qu’il y ait un esprit particulier sur cette île. Un esprit un peu bobo-hippy. Pour moi, Claire l’incarnait. J’ai eu envie d’y passer plusieurs jours. Elle m’a invité à prolonger mon séjour.



Du coup j’ai eu tout le temps pour apprécier les jolies criques et les belles vues depuis les plages de galets de Rebecca Bay,




Déguster les burgers de Heriot Bay Inn Pub,


Sortir au Royal Canadian Legion




Aller au farmer market qui n'avait pas grand chose de fermier, il faut l'avouer :



M’amuser sur les pistes de terre avec mon 4x4, nager dans les eaux claires des lacs.

Le samedi soir, j’ai eu le droit d’essayer mon nécessaire de camping en installant ma tente dans le jardin de sa copine, face à la mer. La simulation a été jusqu’à élaborer un petit-déjeuner sur la plage : thé et toasts au sirop d’érable. Pas besoin de beurre, toaster le pain de mie dans la poêle avec de l’huile suffit.

Mon nécessaire de camping vendu par mon co-wwoofer allemand
Vue sur le lever de soleil depuis ma tente
Vue officielle du peti-déjeuner
Making of
Le dimanche, nous sommes allés nous promener autour de Morte Lake. Mon Dieu, c’était beau : une eau turquoise quoiqu’un peu fraîche, des plages de sable fin, une météo parfaite, pas un chat à l’horizon. Tout est décidément parfait dans ce pays.




Tout cela était très chouette.


jeudi 21 août 2014

Chasse à la baleine


J’ai quitté Powell River le mercredi 20 août, comme je l’avais convenu avec Christina. Elle m’a bien proposé de rester plus longtemps, officiellement pour assister au 150ème anniversaire du village de Lund, officieusement pour que j’arrose son jardin. Pour ma part, je n’avais qu’une envie : retrouver ma liberté.

J’ai pu entretemps récupérer la voiture de mon co-wwoofer allemand, une Ford Explorer de 1999. Je l’ai eu pour moins de 600eur avec tout un set de camping (tente, matelas, sac de couchage) et de cuisine. Une bonne affaire me direz-vous ? Eh bien à un détail près, cette voiture à un petit problème au moteur, une histoire d’arrivée d’air qui ne paraît pas grave. Un simple petit voyant lumineux qui s’affiche. Enfin je n’ai pas tout compris. J’ai juste estimé qu’il fallait mieux dépenser une 500eur dans une voiture dont je connais le défaut, plutôt que 3000$ dans une vieille voiture d’occasion que je ne connais pas. Voilà le deal, en espérant qu’elle ne me lâche pas sur la route.

C’est donc à midi que je prends le ferry de Powell River pour Comox puis la route pour Campbell River.


Bye Bye Powell River
 Campbell River, outre être la capitale du saumon, est aussi la porte d’entrée sur ce fabuleux labyrinthe d’îles et de fjords qu’est Desolation Sound. Il s’agit d’un immense amas d’iles montagneuses, de vallées englouties qui bouche le détroit de Géorgie entre la côte continentale et Vancouver Island. C’est un paradis pour tous mammifères marins, dont les baleines et les orques.

Me voilà sur le ponton de la marina de Campbell River, le jeudi 21 août à 9h30, prêt pour un voyage en zodiac pour observer les baleines. On nous équipe d’une combinaison flottante, d’un gros bonnet et d’un masque. J’ai l’air d’un skieur perdu au milieu des estivants.


Je dois avouer que le Zodiac, c’est fun. Le vent qui fouette le visage, les vagues prises de bord et qu’on surfe comme si de rien n’était, les demi-tours précipités, la sensation de voler au-dessus des vagues. Je me croyais dans un manège. A 30 km/h au-dessus de l’eau, nous avons eu le temps de faire en une journée le tour de la première partie de Desolation Sound.


Nous avons aperçu une baleine juste 10 min après avoir quitté le port. Un souffle, un jet attirent l’attention du pilote. Virage à 180°, le bateau s’incline tellement que mes affaires passent par-dessus bord. Encore des souffles, des jets, la baleine reprend sa respiration. Et puis dans un mouvement lent, elle se courbe pour disparaître dans l’eau en nous dévoilant sa magnifique queue. Malheureusement, mon appareil photo ne put pas immortaliser cette image. Alors vous devez vous contenter du début de l’apparition de sa nageoire. Ça sera la seule baleine aperçue de la journée.


Puis vient des orques résidants. Une dizaine de bateaux sont déjà sur place. Nous nous mettons à l’écart. Les orques chassent le saumon en famille le long d’un précipice.




Les paysages autour sont à couper le souffle. Ce sont les Alpes englouties.





Nous nous dirigeons ensuite vers les fameux rapides créés par les marées dans les goulets d’étranglement. C’est impressionnant (la vidéo ne peut pas être téléchargée - il vous faut vous contenter des photos). Ce sont des murs d’eau qui se jettent, des énormes tourbillons qui brassent une masse d’eau considérable. Un lion de mer lutte dans le courant.





Au-dessus de ce rapide, le domaine d’un milliardaire canadien, Dennis Washington, qui comprend sa maison, son hôtel, son restaurant, son golf, un de ses 4 yachts. Un hydravion amerrit juste derrière nous.


Nous nous enfonçons dans le rapide, et nous débouchons dans des baies extrêmement calmes où l’eau est rendue claire par l’eau des glaciers. Bref tout cela est grandiose, puissant, sauvage.




Je m’excuse pour la pauvre qualité des photos mais il y avait tant de paramètres à gérer que je n’ai pas eu la chance de prendre la photo parfaite.


mercredi 20 août 2014

Powell River


Je vous avoue que j’ai eu peur en arrivant à Powell River. J’ai découvert de longues avenues sans âme, au bord desquels s’alignent des pavillons sans intérêt. Au milieu, un énorme espace consistant en d’immenses parkings déserts et de centres commerciaux forme ce qui est le centre-ville. Je découvre la ville nord-américaine. La ville semble n’avoir qu’une fonction utilitaire. Rien ne semble fait pour améliorer le cadre de vie commune : pas de fleur, pas de jardin public, pas de promenade. C’est moche. Le front de mer est à peine aménagé. Toutefois Powell River s’enorgueillit d’avoir son quartier classé.

"Centre ville" ou downtown
Front de mer depuis la highway 101
Port
Powell river est en réalité un district très grand, aussi grand que la bande de Gaza dit-on ici. Il est composé de plusieurs centres urbains dont le village historique construit au-dessus de la papeterie. Il s’agit de quelques bâtiments en bois, des églises, un hôtel, un cinéma, le plus ancien du Canada, et quelques maisons. Ca n’a que peu de charme pour un européen ; ça doit en avoir beaucoup pour un canadien. Rien en effet ne rend ce centre historique cohérent. C’est comme si on avait posé des bâtiments un peu partout à la va-vite.

Quartier historique

Quartier historique
La vie économique semble en déclin à la vue du nombre de magasins de récup. Tous les magasins hormis Walmart et les magasins d’alcool ferment à 16h30. La papeterie reste certainement un des premiers employeurs de la cité même si elle ne connaît plus l’activité d’antan, lorsqu’elle était l’usine de cellulose la plus importante du monde. Moi, je vous dit, que ça devait puer. Il reste la sylviculture – tous les vrais locaux sont des fils/filles de bûcheron ou de conducteur d’engins. Pas le moindre hectare de forêt n’échappe à une coupe claire tous les 50-60 ans, voire plus. Il y aussi tous les secteurs liés à l’administration, à l’éducation, à la santé et au tourisme qui se développe. Et puis il y a les retraités et les femmes au foyer.

Papeterie et ses vieux bateaux WW2 et WW1 formant un brise-lames
Christina m’a dit qu’il n’y avait pas de « colored people » ici. Mais étant donné la présence du village indien, de l’école sino-canadienne, j’en ai déduit que son expression ne concernait que les noirs. Et oui, il faut bien avouer que je n’en ai pas vu un seul. L’immigration massive de Chinois en Colombie-Britannique est récente. Elle a démarré peu avant la rétrocession de Hong-Kong à la Chine. Les plus riches hong-kongais ont fui à Vancouver et j’imagine qu’ils ont charrié dans leur sillage beaucoup de petites mains. Désormais le flux s’autoalimente. La plupart des clients de Christina étaient des immigrés chinois venus ici pour goûter aux fruits de mer. La population blanche consiste quant à elle en des descendants d’immigrés italiens, finnois et suédois et en d’anciens hippies arrivés là par hasard comme Christina.

Ferry faisant la liaison Powell River - Vancouver Island
A regarder les macarons sur les pare-brise des voitures, on dirait qu’un tiers des habitants sont handicapés. Mais ça ne les empêche pas de conduire d’énormes pick-ups. Ici, tout un chacun a son pick-up. Certains les ont normaux, d’autres surélevés avec des énormes roues pour affronter les pistes. Je ne sais pas vraiment ce qu’ils font de ces énormes engins à l’exception d’une chose : transférer leurs grosses vedettes, d’un lac à un autre, d’une mer à un lac, ce qui explique la présence d’immenses parkings à chaque embarcadère. Un ballet de gros bateaux sur charrette harnachés à des pick-ups sillonne la ville tous les week-ends. Entre autres passions, les hommes adorent les vieilles voitures américaines. Ceux qui ont du goût se limitent à les remettre en état, ceux qui en ont moins font du tunning avec. Ils pêchent aussi le saumon. Quant aux femmes, il semble que les potagers retiennent toute leur attention : entre la préparation et l’entretien de ceux-ci, elles passent leur temps à déshydrater leur production et à la cuisiner.

Mais surtout Powell River, ce sont des lacs, des montagnes, des forêts, des îles, une mer plate, des plages (essentiellement de galets), des torrents, des cascades. C’est juste magnifique et la météo a été magique tout au long de mon séjour.

Pointe de Palm Beach
Cascade de Eagle River - on n'a pas osé sauter dans les 7m de vide
Enfant à la canne à pêche - Inland Lake
 Sans oublier les couchers de soleil juste splendides.


vendredi 15 août 2014

Lacs de Powell River


Je crois qu’il n’y a rien de tel qu’un lac canadien pour trouver la sérénité. Les paysages sont sauvages, grandioses. La forêt qui descend jusqu’à l’eau adoucit les reliefs escarpés. L’odeur des cèdres envoûte l’air. Il n’y a ni vent ni bruit. Les constructions sont rares. Vous atteignez l’eau via un petit chemin ombragé au long duquel vous mangez mûres et myrtilles.

Powell Lake
Powell Lake
Powell Lake
 L’eau est propre et ne contient ni sel ni chlore. Elle est pure. Vous pouvez la boire. Vous pouvez nager correctement. Vous pouvez ouvrir les yeux. Vous n’avez pas besoin de vous rincer. Elle est à la température idéale. Le sable ne vous remonte pas dans le maillot de bain puisqu’il n’y en a pas. Il n’y a pas non plus de marée, ni de vague ni de bancs d’algues échouées à traverser. Il y a très peu de déchets. Vous n’avez pas besoin de marcher 3 km pour trouver de la profondeur ; il vous suffit de plonger du rivage. Les arbres aux alentours vous procurent de l’ombre.




Il n’y a jamais personne à côté de vous. Les quelques personnes que vous croisez vous adressent gentiment la parole. Vous croisez des couples de chinois venus pêcher, ou alors des sympathiques originaux comme ce type venu dans son pick-up rouillé. Il est fabriquant de balançoires érotiques. Suite à un accident de sa femme sur une balançoire de fabrication taïwanaise, ce qui lui valut un coccyx cassé, Paul s’est mis à produire une version renforcée de son jeu préféré. Il a l'air heureux. J’ai sa carte de visite pour ceux qui seraient intéressés.

Powell Lake
Inland Lake
Sliammon Lake
Duck Lake
 Et pour finir, il reste toujours des places disponibles au parking. Bref c'est le bonheur.