Je vous avoue que
j’ai eu peur en arrivant à Powell River. J’ai découvert de longues avenues sans
âme, au bord desquels s’alignent des pavillons sans intérêt. Au milieu, un
énorme espace consistant en d’immenses parkings déserts et de centres
commerciaux forme ce qui est le centre-ville. Je découvre la ville
nord-américaine. La ville semble n’avoir qu’une fonction utilitaire. Rien ne
semble fait pour améliorer le cadre de vie commune : pas de fleur, pas de
jardin public, pas de promenade. C’est moche. Le front de mer est à peine
aménagé. Toutefois Powell River s’enorgueillit d’avoir son quartier classé.
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"Centre ville" ou downtown |
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Front de mer depuis la highway 101 |
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Port |
Powell river est
en réalité un district très grand, aussi grand que la bande de Gaza dit-on ici.
Il est composé de plusieurs centres urbains dont le village historique
construit au-dessus de la papeterie. Il s’agit de quelques bâtiments en bois,
des églises, un hôtel, un cinéma, le plus ancien du Canada, et quelques
maisons. Ca n’a que peu de charme pour un européen ; ça doit en avoir
beaucoup pour un canadien. Rien en effet ne rend ce centre historique cohérent.
C’est comme si on avait posé des bâtiments un peu partout à la va-vite.
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Quartier historique |
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Quartier historique |
La vie économique
semble en déclin à la vue du nombre de magasins de récup. Tous les magasins
hormis Walmart et les magasins d’alcool ferment à 16h30. La papeterie reste
certainement un des premiers employeurs de la cité même si elle ne connaît plus
l’activité d’antan, lorsqu’elle était l’usine de cellulose la plus importante
du monde. Moi, je vous dit, que ça devait puer. Il reste la sylviculture – tous
les vrais locaux sont des fils/filles de bûcheron ou de conducteur d’engins. Pas
le moindre hectare de forêt n’échappe à une coupe claire tous les 50-60 ans,
voire plus. Il y aussi tous les secteurs liés à l’administration, à
l’éducation, à la santé et au tourisme qui se développe. Et puis il y a les
retraités et les femmes au foyer.
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Papeterie et ses vieux bateaux WW2 et WW1 formant un brise-lames |
Christina m’a dit
qu’il n’y avait pas de « colored people » ici. Mais étant donné la
présence du village indien, de l’école sino-canadienne, j’en ai déduit que son
expression ne concernait que les noirs. Et oui, il faut bien avouer que je n’en
ai pas vu un seul. L’immigration massive de Chinois en Colombie-Britannique est
récente. Elle a démarré peu avant la rétrocession de Hong-Kong à la Chine. Les
plus riches hong-kongais ont fui à Vancouver et j’imagine qu’ils ont charrié
dans leur sillage beaucoup de petites mains. Désormais le flux s’autoalimente. La plupart des clients de Christina étaient des immigrés chinois venus ici pour goûter aux fruits de mer. La
population blanche consiste quant à elle en des descendants d’immigrés
italiens, finnois et suédois et en d’anciens hippies arrivés là par hasard comme
Christina.
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Ferry faisant la liaison Powell River - Vancouver Island |
A regarder les
macarons sur les pare-brise des voitures, on dirait qu’un tiers des habitants
sont handicapés. Mais ça ne les empêche pas de conduire d’énormes pick-ups.
Ici, tout un chacun a son pick-up. Certains les ont normaux, d’autres surélevés
avec des énormes roues pour affronter les pistes. Je ne sais pas vraiment ce
qu’ils font de ces énormes engins à l’exception d’une chose : transférer
leurs grosses vedettes, d’un lac à un autre, d’une mer à un lac, ce qui
explique la présence d’immenses parkings à chaque embarcadère. Un ballet de
gros bateaux sur charrette harnachés à des pick-ups sillonne la ville tous les
week-ends. Entre autres passions, les hommes adorent les vieilles voitures
américaines. Ceux qui ont du goût se limitent à les remettre en état, ceux qui
en ont moins font du tunning avec. Ils pêchent aussi le saumon. Quant aux
femmes, il semble que les potagers retiennent toute leur attention : entre
la préparation et l’entretien de ceux-ci, elles passent leur temps à
déshydrater leur production et à la cuisiner.
Mais surtout
Powell River, ce sont des lacs, des montagnes, des forêts, des îles, une mer
plate, des plages (essentiellement de galets), des torrents, des cascades.
C’est juste magnifique et la météo a été magique tout au long de mon séjour.
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Pointe de Palm Beach |
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Cascade de Eagle River - on n'a pas osé sauter dans les 7m de vide |
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Enfant à la canne à pêche - Inland Lake |
Sans oublier les
couchers de soleil juste splendides.
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