mercredi 20 août 2014

Powell River


Je vous avoue que j’ai eu peur en arrivant à Powell River. J’ai découvert de longues avenues sans âme, au bord desquels s’alignent des pavillons sans intérêt. Au milieu, un énorme espace consistant en d’immenses parkings déserts et de centres commerciaux forme ce qui est le centre-ville. Je découvre la ville nord-américaine. La ville semble n’avoir qu’une fonction utilitaire. Rien ne semble fait pour améliorer le cadre de vie commune : pas de fleur, pas de jardin public, pas de promenade. C’est moche. Le front de mer est à peine aménagé. Toutefois Powell River s’enorgueillit d’avoir son quartier classé.

"Centre ville" ou downtown
Front de mer depuis la highway 101
Port
Powell river est en réalité un district très grand, aussi grand que la bande de Gaza dit-on ici. Il est composé de plusieurs centres urbains dont le village historique construit au-dessus de la papeterie. Il s’agit de quelques bâtiments en bois, des églises, un hôtel, un cinéma, le plus ancien du Canada, et quelques maisons. Ca n’a que peu de charme pour un européen ; ça doit en avoir beaucoup pour un canadien. Rien en effet ne rend ce centre historique cohérent. C’est comme si on avait posé des bâtiments un peu partout à la va-vite.

Quartier historique

Quartier historique
La vie économique semble en déclin à la vue du nombre de magasins de récup. Tous les magasins hormis Walmart et les magasins d’alcool ferment à 16h30. La papeterie reste certainement un des premiers employeurs de la cité même si elle ne connaît plus l’activité d’antan, lorsqu’elle était l’usine de cellulose la plus importante du monde. Moi, je vous dit, que ça devait puer. Il reste la sylviculture – tous les vrais locaux sont des fils/filles de bûcheron ou de conducteur d’engins. Pas le moindre hectare de forêt n’échappe à une coupe claire tous les 50-60 ans, voire plus. Il y aussi tous les secteurs liés à l’administration, à l’éducation, à la santé et au tourisme qui se développe. Et puis il y a les retraités et les femmes au foyer.

Papeterie et ses vieux bateaux WW2 et WW1 formant un brise-lames
Christina m’a dit qu’il n’y avait pas de « colored people » ici. Mais étant donné la présence du village indien, de l’école sino-canadienne, j’en ai déduit que son expression ne concernait que les noirs. Et oui, il faut bien avouer que je n’en ai pas vu un seul. L’immigration massive de Chinois en Colombie-Britannique est récente. Elle a démarré peu avant la rétrocession de Hong-Kong à la Chine. Les plus riches hong-kongais ont fui à Vancouver et j’imagine qu’ils ont charrié dans leur sillage beaucoup de petites mains. Désormais le flux s’autoalimente. La plupart des clients de Christina étaient des immigrés chinois venus ici pour goûter aux fruits de mer. La population blanche consiste quant à elle en des descendants d’immigrés italiens, finnois et suédois et en d’anciens hippies arrivés là par hasard comme Christina.

Ferry faisant la liaison Powell River - Vancouver Island
A regarder les macarons sur les pare-brise des voitures, on dirait qu’un tiers des habitants sont handicapés. Mais ça ne les empêche pas de conduire d’énormes pick-ups. Ici, tout un chacun a son pick-up. Certains les ont normaux, d’autres surélevés avec des énormes roues pour affronter les pistes. Je ne sais pas vraiment ce qu’ils font de ces énormes engins à l’exception d’une chose : transférer leurs grosses vedettes, d’un lac à un autre, d’une mer à un lac, ce qui explique la présence d’immenses parkings à chaque embarcadère. Un ballet de gros bateaux sur charrette harnachés à des pick-ups sillonne la ville tous les week-ends. Entre autres passions, les hommes adorent les vieilles voitures américaines. Ceux qui ont du goût se limitent à les remettre en état, ceux qui en ont moins font du tunning avec. Ils pêchent aussi le saumon. Quant aux femmes, il semble que les potagers retiennent toute leur attention : entre la préparation et l’entretien de ceux-ci, elles passent leur temps à déshydrater leur production et à la cuisiner.

Mais surtout Powell River, ce sont des lacs, des montagnes, des forêts, des îles, une mer plate, des plages (essentiellement de galets), des torrents, des cascades. C’est juste magnifique et la météo a été magique tout au long de mon séjour.

Pointe de Palm Beach
Cascade de Eagle River - on n'a pas osé sauter dans les 7m de vide
Enfant à la canne à pêche - Inland Lake
 Sans oublier les couchers de soleil juste splendides.


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